Deux trois jalons : l'historique de la cybernétique énonce deux étapes : entre 1942 et 1950 un premier mouvement attaché aux mécanismes d'auto-régulation (morphostase et homéostasie) aboutit de 50 à 53 à un deuxième mouvement qui étudie comment les systèmes évoluent (morphogénèse) ; avec cette cybernétique deuxième ordre l’observateur s’inclut lui-même dans le système observé. Cette évolution traduit une incertitude au cœur de cette science qui culmine en se définissant comme une « approche indépendante de la nature des éléments qu'elle étudie » au point de douter d'avoir elle-même un objet. S'attachant tour à tour à la notion d'information, puis d'auto-régulation, puis de système jusqu'à la notion abstraite de complexité, la cybernétique a finalement perdu un objet qu'elle n'avait jamais trouvé. Une figure en prête l'explication : A peut penser que B pense, peut penser que B pense que A pense, mais peut à peine penser que B penser que A pense à B et au degré supérieur n'aboutit qu'à une indédicabilité. La cybernétique partie de l'ambition de penser comment une machine pouvait penser une autre machine pensante avait abouti à cette indicidabilité. Elle s'était donc, comme une vague échouée sur la rive de sa production technique elle même toujours croissante. La psychiatrie l'avait même confortée dans son renoncement en ayant observé que lorsque A et B partent ainsi en quête de connaître la pensée de l'autre, ou de traduire la sienne, tout effort est voué à une objectivation qui annule précisément la pensée - aussi nommée à ce point subjectivité - ne laissant d'espace de liberté que la solution de faire ou penser 'n'importe quoi' voire mieux 'faire le fou'. Une pensée qui continue à idéaliser une certitude s'appelle en ce cas une pensée obsessionnelle et soutenir le paradoxe de la folie une névrose hystérique ; en renonçant même à l'idéalisation un 'progrès' dans ce cas aboutit aux démence et psychose.
On peut donc estimer que la cybernétique avait abouti à un point mort lorsqu'en 1955 Jacques Lacan réouvrit sa carrière en proposant à nouveau un objet à cette science. Il prétendit l'avoir trouvé dans le champs freudien et que l'objet pulsionnel décrit par la psychanalyse était susceptible de fournir à la cybernétique un objet définitivement consistant et résistant à l'échéance logique de l'indicidabilité.
Par la nature des choses - en l'occurrence par la nature humaine - Lacan à son tour céda ou offrit un compromis en l'espèce de l'objet de la pulsion de mort que Freud n'avait pas moins mis à disposition d'une complexité échouée. Mais comme Freud qui avait au départ estimé la seule objectivité d'Éros avec une énergie pulsionnelle unique ou univoque - la libido - Lacan n'avait estimé au départ qu'une seule facture d'objet pulsionnel. Identifié à une lettre, mais une lettre spécifique - à savoir une lettre algébrique - c'est à dire la lettre d'un chiffre ou d'un chiffrage - un objet est disponible à l'usage et au traitement cybernétique. Cependant il amène avec lui une condition : pas tant condition d'attester de sphincter et de topique humaine mais celle qui la domine, à savoir la condition d'une dimension psychique.
A cette condition on peut attendre que de nombreux cybernéticien objectent - éventuellement pour réclamer derechef l'objectivité d'une pulsion de mort - car avec cette dimension psychique, c'est la psychologie collective et immédiatement la politique avec les moyens de contrôle des masses.
Ce nombre de cybernéticiens doit être exactement égal à celui de ceux qui n'ont pas suivi Norbert Wiener lorsqu'il estima nécessaire ou aussi bien inévitable que la cybernétique s'affranchisse d'une utopie de la communication en s'engageant sans férir sur le domaine de la sociologie.
On notera donc - pour finir cette note - que le cybernéticien 'père-fondateur' N.Wiener conclut à une religion laïque - exactement comme avant lui de l'écologie le 'père-fondateur' Ernst Haeckel. C'est une issue qu'à l'encontre le 'père-fondateur' de la psychanalyse, Sigmund Freud évita - en appliquant sa science précisément à la religion ; on sait qu'il conclut sa carrière en exigeant une élucidation de l'identification de Moïse et de la religion Monothéiste. Ceci apporte une distinction dans l'égalisation, dans cette mesure justifiée, des trois sciences en une : la cybernétique, l'écologie et la psychanalyse. Cette distinction est celle qui en isole la psychanalyse - par défaut pour le trait qui l'en distingue : une communication particulière entre deux êtres humains du type descriptible et que j'ai désigné D2V.
'D2V' est un chiffrage, une opération analogue à ce qui constitue à partir du corps humain la pulsion, et en l'occurrence établi dans la conjonction de ce corps à la psychologie collective. C'est le thème du traité La Sainte Ethique.
Si quelque chose reste de la religion avec l'aide de la psychanalyse à l'issue de la métamorphose humaine on pourra l'assimiler à une fantaisie qui m'avait été traduite il y a quelques années par un brigand des milieux politiques du tiers-monde, assuré qu'il allait être possible de faire prendre l'ia (l'intelligence artificielle) par les populations analphabètes pour une manifestation assurée de Dieu.
(écrit et pas relu)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire